Steph.Cop expose à la David Bloch Gallery de Marrakech

Grandissant en milieu urbain dans les années 80, le graffiti s’impose naturellement à Steph.Cop.

Pas particulièrement ressenti comme une recherche artistique, mais plutôt comme vecteur de rencontre et d’aventure, Steph fait ses armes au coeur de la capitale. Son nom s’inscrit rapidement dans les incontournables des pionniers de ce mouvement “Street Art ». En 1988 avec son crew “Control of Paris”, composé entre autre de Joey Starr et de Meo, il repeint les palissades du Louvre lors de la réalisation de la pyramide.

En 1996, avec Mist, partenaire artistique, il part à la source, New York, et partage des murs avec le légendaire writer Cope2.

Sans le savoir en créant la marque Homecore et Ladysoul avec ses partenaires, il participe à la création d’une nouvelle tendance, plus tard définie comme le « streetwear ». Il sera le directeur artistique jusqu’en 2005.

© David Bloch Gallery

Après plusieurs années passées à recouvrir les murs d’images, à construire des collections pour le textile, à dessiner du logotype pour le marché du streetwear, son travail devient plus personnel et Steph passe à la représentation physique d’un monde graphique. Il s’attaque à l’univers du « Designer Toy », et cinq figurines symbolisant les sujets de travail de l’artiste voient le jour en 2000, c’est la naissance des Imaginary Friends.
Après de nombreuses recherches sur la matière qui font évoluer son personnage en le matérialisant et en épurant sa ligne, le ARO devient une figure culte de la scène Designer Toys.

Quand l’âme du bois construit celle de l’homme…
Aujourd’hui Steph Cop s’est retiré de Paris. Décor différent, mais mêmes obsessions. Les murs sont remplacés par les forêts. Comme pour mieux se dédouaner d’avoir utilisé des matériaux nocifs, Steph s’isole au milieu des forêts du Morvan pour recréer Aro. Le ARO usiné en plastique se transforme en “Wooden Aro”. Muni d’une lourde tronçonneuse, l’artiste va tailler ses pièces dans des arbres chargés d’histoire, va jouer des imperfections du bois pour sculpter des formes majestueuses.

Une oeuvre comme un havre symbolique où l’artiste est entouré de ses pièces, « amis imaginaires ». Physique, matériel, dans le Morvan de ses origines où il est venu s’installer après ses errances parisiennes… “Je me retrouve dans cet endroit que j’aime. Avec la forêt du Morvan. Je me suis posé avec le bois. Je cherche des arbres abîmés, morts, perdus. Je chine dans la forêt. C’est un temps important. Il faut observer, marcher, être attentif à la nature.” Se perdre dans les bois, pour mieux se retrouver…

© David Bloch Gallery

Ultime figurine d’une série de six, ARO est la plus fidèle projection de Steph COP.
Au-delà de l’aspect graphique de ses lignes tranchées, de sa posture ancrée, il est “Analyse Reflexe Obsessionnel”. La recherche de l’épure semble être la clé, ARO en est la genèse.

“Ce travail vient de mes failles”, consent-il, une résonnance de lui-même… Il nous livre d’une façon symbolique les allégories de ses émotions. Ainsi est né Aro.

La rencontre entre la machine et la nature a donné naissance aux Wooden ARO, une relecture inédite du personnage ARO. Sculpté à la tronçonneuse dans différentes essences de bois, comme si l’artiste libérait de l’arbre la pièce déjà pressentie.Cette matière première exigeante nécessite d’être domptée en puissance et en douceur.

« Un apprentissage seul et à l’instinct, au milieu des forêts. À force de manipulations, tu fais tes gammes, tu traces, tu coupes, un travail de forçat au paradis, le silence du bruit de la machine au milieu des arbres centenaires ».

Chaque pièce prend le temps de se dessiner, une lente maturation. Une création naturelle qui a presque quelque chose de sacré, où la main de l’homme n’a fait que suivre les lignes marquées par le temps. Bucheron délicat malgré l’outil peu discret, le rendu est déchirant de sensibilité. Toutes les pièces sont chargées des émotions de son créateur.

Au premier abord, ses sculptures sont formatées, elles constituent une variation sur un même modèle puis il suffit de mettre les mains, d’effleurer le bois, de découvrir l’essence de chacun, les reliefs accidentés, les traits de la machine qui les a sculptées. Aller au-delà des apparences, elles sont semblables et différentes.

Le succès de son travail l’amène à créer, sans cesse, de nouvelles pièces originales. Du bois, de la porcelaine, du vinyle, de l’acier, du béton, tant de matières pour découvrir le travail en volume de cet artiste prolifique.

(Source David Bloch Gallery Marrakech)