Sébastien Preschoux expose sa cinquième exposition personnelle à la David Bloch Gallery jusqu’au 13 janvier. L’artiste y présente une quinzaine d’œuvres sur panneau de bois ainsi qu’une installation in-situ.
INTENTION :
Depuis plus de 10 ans Sébastien PRESCHOUX explore et expérimente le travail de la ligne et des jeux optiques que celle-ci et ses enchevêtrements peuvent offrir à voir. Au cours de ces années, ce travaille a revêtu plusieurs aspects, il a commencé par une exploration à l’encre sur papier, en cherchant à créer une parfaite confusion entre une production digitale et humaine, puis, le support papier a cédé sa place au support bois offrant des dimensions plus généreuses, la peinture a remplacé l’encre laissant place à des couleurs plus intenses et plus vives, pour enfin les laisser s’exprimer dans des dégradés aussi complexes que gracieux. Chaque exposition personnelle, à la David Bloch Gallery, a été l’occasion, pour l’artiste, de présenter l’aboutissement de nouvelles techniques et de nouvelles recherches.
Pour cette 5ème exposition personnelle à la David Bloch Gallery, Sébastien PRESCHOUX décide de rompre avec les formes directrices qui l’ont accompagné jusqu’alors. Aux éléments structurels rectilignes, Sébastien préfèrera des formes ovoïdes et curvilignes, faisant ainsi place à des productions beaucoup plus liées, organiques, mouvantes, et pour certaines d’entre elles, quasi issues d’un geste calligraphique et spontané. C’est aussi, pour lui, l’occasion d’explorer encore plus
intensément les couleurs et les dégradés, devenus un vrai défi technique pour l’artiste.
BIOGRAPHIE :
Sébastien Preschoux – 1974 / Paris
Profondément marqué par l’art optique, mais également par les valeurs de l’enseignement du Bauhaus prônant une instruction axée sur la valeur fondamentale du travail manuel, Sébastien créé inlassablement des dessins de plus en plus complexes pouvant rivaliser avec ce qu’une machine pourrait produire en quelques instants. Par cette démarche il a su créer une confusion visuelle chez le spectateur pouvant amener ce dernier à s’interroger sur l’origine (humaine ou mécanique) de ses travaux. Mais ce n’est qu’en s’approchant que le spectateur aura pu identifier les stigmates du passage de la main humaine, attitude que Sébastien nomme la récompense du curieux.
Son travail ne se limite pas à une production en 2 dimensions, mais trouve une correspondance en 3 dimensions par le biais d’installations de fils, souvent réalisées en milieu naturel, lui offrant ainsi une parfaite liberté tant en terme de taille que de diversité. Pour cela il travaille en collaboration avec le photographe Ludovic LE COUSTER, qui œuvre, lui aussi, avec des outils non numérique, mais leur préfère des appareils photographiques argentiques moyen format.
« Regarder œuvrer Sébastien PRESCHOUX c’est accepter d’osciller entre la sérénité d’un ouvrage se laissant construire sans précipitation et la tension d’un geste infiniment précis, gracieusement mesuré, drastiquement régit par un processus de mesures et de comptage.
Le travail s’étire dans le temps, rythmé par le geste répété du maniement de la règle puis du compas. Sans impatience, Sébastien PRESCHOUX déroule le mouvement du dessin dans le temps, laisse la matière se déployer dans l’espace. Cette manière qu’on pourrait penser laborieuse de tracer la ligne, de former la courbe ou de tendre le fil s’éprouve, pour le spectateur attentif au travail en train de se faire, comme un instant d’apaisement.
Répétition de gestes délicats, sans à- coup, le temps de création s’apparente ici à une litanie gestuelle douce au regard. On pourrait trouver étonnant le choix de cet artiste qui s’est frotté à la profession de graphiste durant un temps, de revenir aux fondamentaux : la main, le corps, l’engagement physique. Trouver plus étonnant encore d’entretenir l’ambiguïté de sa pratique par les motifs qu’il convoque et qui de fait, pourraient
aisément passer pour des images PAO ou des photomontages.
En deux dimensions, les dessins de Sébastien Preschoux semblent aminés de vibrations, imputables peut être aux imperfections inhérentes au caractère faillible de la main. Pourtant patents, la qualité des supports, les sillons de l’encre creusés par les pointes, les lignes de poinçons laissées par le compas sont les balises physiques qui créent le motif, ô combien éloigné de la planéité d’une impression numérique.
Tridimensionnelles, les installations diffractent la lumière et trouvent dans le cadre naturel de leur implémentation un écrin évident.
Photographiées par Ludovic Le Couster, ces pièces de fils acquièrent un aspect presque surréel qui tend à amalgamer les épreuves à des photomontages.
La frontière entre l’art et l’artisanat se fait mouvante et l’homologie avec le rendu numérique trop troublante. Un regard sans exigence sera trompeur. L’endurance du travail de création pose la condition sine qua none d’une lenteur bienveillante dans la visite, pour que réelle soit la rencontre de l’oeil et de l’objet.»
Valérie NAM