Culture Marrakech : Mohamed Larbi Rahhali expose “Microcosmes’ à la Voice Gallery jusqu’au 15 octobre

Mohamed Larbi Rahhali s’intéresse aux choses banales du quotidien, celles auxquelles on ne fait même plus attention ; en pêcheur, en marin, tel un bateau qui navigue. L’artiste porte cette idée de flux, suivant le courant, multipliant les langages artistiques pour amener l’idée d’une identité. Il s’inscrit dans cette idée de proposer un art qui, à la façon d’un jeu, mélange les langages artistiques pour « créer une fluidité vitale, indéterminée, comme le sont les événements de la vie quotidienne ».

©Voice Gallery

1 Fluxus, en latin le flux, le courant est un art total qui réunit de multiples langages artistiques et amène l’idée d’une identité entre l’art et la vie. De la volonté d’abolir le fossé entre les deux, ce mouvement, créé au début des années soixante, tente de transgresser les catégories préétablies parce que « tout est art et l’art doit s’occuper de choses insignifiantes, doit être amusant et accessible à tous ».

2 A travers une vision sensible et poétique, Mohamed Larbi Rahhali invente, crée et recrée des univers, à travers sa façon de voir le monde tel qu’il le regarde et le ressent, nous transportant grâce à des symboles, des signes, jouant sur une mémoire collective mais aussi sur des systèmes de valeurs différents : on assiste à la présence du sujet moderne dans des espaces multiples qui pourraient être anthropologiques, comme un petit monde en soi, comme un résumé de la création.

Mohamed Larbi s’inspire du monde réel qui l’entoure. Des tableaux d’école il commence par une phase de recherche lors de laquelle il essaye de comprendre : une expérimentation ; pour en déduire des éléments de compréhension, explicatifs, non pas de ses œuvres, mais des raisonnements et des sujets auxquels il s’intéresse. Ces enseignements deviennent des œuvres dont il nous donne à voir les trésors contenus dans des boîtes, qui n’auraient cependant plus aucune valeur si le monde s’écroulait. Cette notion du temps est essentielle dans la vie et dans le travail de l’artiste et du pêcheur ; une fois encore il n’y a plus de frontière entre l’art et la vie : le temps s’écoule, tel un flux dont les hommes se servent pour organiser leur vie. Le cadran solaire donne le ton. Outil de mesure il est aussi imprécis que les fautes de l’homme dans leur calcul du temps.

Mohamed Larbi Rahhali peint, dessine, colle, rassemble au sein de petites boîtes des objets ordinaires, manufacturés ou ramassés, de petite taille, pour créer des microcosmes, pour créer ses microcosmes entre rêve et réalité. Utilisant ces boîtes d’allumettes en tant qu’élément de mémoire marocaine commune, reconnaissables par leur taille et par leurs motifs, pour surprendre, c’est tout un monde qui s’offre au spectateur lorsqu’il y prête attention ; qu’il s’approche de ces petits univers, qu’ils ouvrent celles qui sont encore fermées, pour y découvrir des miroirs gravés d’un système de planète, ou d’une boussole. L’artiste nous conte des histoires, des histoires de vie, et d’univers telles des vies parallèles. La simplicité du support : ces petites boîtes en carton, remet en perspective son art et la façon dont le spectateur doit s’y intéresser. Réussir, dans un si petit univers, à en recréer un, c’est avoir su en comprendre et en tirer l’essentiel. On retrouve alors cette idée de flux, de temps qui s’écoule au fur et à mesure d’un apprentissage, des expériences, … Les fausses étagères, les mobiles qui bougent et qui chantent permettent au spectateur de traverser un parcours ludique, qui, s’approchant, s’attardant ainsi sur les détails, lui donneront peut-être une autre compréhension de la vie et des éléments qui l’entourent. Il semble créer à la manière d’un autodidacte, de façon sensible et intuitive, ces œuvres, conçues d’abord comme des trompes l’œil, instaurant un dialogue avec le visiteur. Il utilise ces objets utiles du quotidien telle une pince à linge, qu’il détourne pour créer une œuvre. Formée de deux parties elle représente l’intégration, chaque pièce complète l’autre comme deux humains en harmonie. En tant qu’ensemble c’est un tout composé de deux parties indépendantes qui, séparées, forment une nouvelle œuvre abstraite amenant à nous interroger.

Au travers de ces symboles, il donne une nouvelle définition du rôle des images dans la fabrication d’une narration historique, entre nostalgie, mélancolie et affection. Ce sont les repères du pêcheur que nous retrouvons dans ces histoires. Un phare restant allumé pour les marins-spectateurs qui se seraient perdus au milieu d’impressions, d’univers et de leurs flux.

(Texte de Cassandre Gil – Source : Voice Gallery)